Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/156

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tanée d’Athènes fût le centre religieux de toute l’Attique 1. Dès lors l’unité athénienne fut fondée; religieusement, chaque canton conserva son ancien culte, mais tous adoptèrent un culte commun; politiquement, chacun conserva ses chefs, ses juges, son droit de s’assembler, mais au-dessus de ces gouvernements locaux il y eut le gouvernement central de la cité*.

De ces souvenirs et de ces traditions si précises qu’Athènes conservait religieusement, il nous semble qu’il ressort deux vérités également manifestes : l’une est que la cité a été une confédération de groupes constitués avant elle ; l’autre est que la société ne s’est développée qu’autant que la religion s’élargissait. On ne saurait dire si c’est le progrès religieux qui a amené le progrès social ; ce qui est certain, c’est qu’ils se sont produits tous les deux en même temps et avec un remarquable accord.

Il faut bien penser à l’excessive difficulté qu’il y avait pour les populations primitives à fonder des sociétés régulières. Le

i. Thucydide, II, 1& : i 6i|nv( estait va^ tOv ôXXmv mSiMilt %k you\tUT{(ia xat tif àfjjt.i„.. Iv pavXtur{ptov <seStt(a( xa\ cpUTayiTov.... PlaUrque, Thésée, 24 : Iv icoii[ffa; iita,n Kotvà* «putavtXsv,... Ea\ nava6i|«ai* tuvtav licoli)»i »iy^«* I6ua< Si (et tiKtlsua, \y tn Ka\ vSv S&euffi. Cf. PausaDias, Vni, 2, i.

2. Plutarque et Thucydide disent que Thésée détruisit les prytanées locaux et abolit les magistratures des bourgades. Toutefois, s’il essaya de le faire, il est certain qu’il n’y réussit pas, car longtemps après lui nous trouvons encore les cultes locaux, les assemblées, les rois de tribus. BoBckh, Corp. inser.j 82, tb. Démosthène, in Theocrinem. PoUux, VIU, itl. — Nous laissons de côté la légende d’Ion, à laquelle plusieurs historiens modernes nous semblent avoir donné trop d’importance en la présentant comme le symptôme d’une invasion étrangère dans l’Attique. Cette invasion n’est indiquée par aucun document. Si l’Attique eût été conquise par ces Ioniens du Péloponèse, il n’est pas probable que les Athéniens eussent conservé si religieusement leurs noms de Cécropides, d’Ërechthéides, et qu’ils eussent, au contraire, considéré comme une injure le nom d’Ioniens (Hérodote, I, 143). A ceux qui croient à cette invasion des Ioniens et qui ajoutent que la noblesse des Eupatrides vient de là, on peut encore répondre que la plupart des grandes familles d’Athènes remontent à une époque bien antérieure à celle où l’on place l’arrivée d’Ion dans l’Attique. Estrce à dire que les Athéniens ne soient pas des Ioniens, pour la plupart? Ils appartiennent assurément à cette branche de la race hellénique; Strabon nous dit que dans les temps les plus reculés l’Attique s’appelait lonia et las. Mais on a tort de faire du Sis de Xutbos, du héros légendaire d’Euripide, la tige de ces Ioniens; ils sont ioSniment antérieurs à Ion, et leur nom est peut-être beaucoup plus ancien que celui d’Hellènes. On a tort de faire descendre de cet Ion tous les Eupatrides et de pr<Mnt«r cette classe d’hommes comme une popalation conquérante qui eût opprimé par k force une population t«Umm. Gett* opinion d« s’appui»i