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CHAP. VI. LES DIEUX DE LA CITÉ. 175

Irer dans leur temple'. Pour que ses dieux ne veillassent aue sur elle, il était nécessaire qu'ils ne reçussent un culte que d'elle. N'étant honorés que là, s'ils voulaient la continuation des sacrifices et des hécatombes qui leur étaient chères, ils étaient obligés de défendre cette ville, de la faire durer à ja- mais, de la rendre riche et puissante.

Ordinairement, en effet, ces dieux se donnaient beaucoup de peine pour leur ville-, voyez dans Virgile comme Junon e fait effort et travaille » pour que sa Carlhage obtienne un jour l'empire du monde. Chacun de ces dieux, comme la Junon de Virgile, avait à cœur la grandeur de sa cité. Ces dieux avaient mêmes intérêts que les hommes leurs concitoyens. En temps de guerre ils marchaient au combat au milieu d'eux. On voit dans Euripide un personnage qui dit, à l'approche d'une bataille : « Les dieux qui combattent avec nous ne sont pas moins forts que ceux qui sont du côté de nos ennemis* ». Jamais les Éginètes n'entraient en campagne sans emporter avec eux les statues de leurs héros nationaux, les Éacides. Les Spartiates emmenaient dans toutes leurs expéditions les Tyndarides. Dans la mêlée, les dieux et les citoyens se soute- naient réciproquement, et quand on était vainqueur, c'est que tous avaient fait leur devoir. Si au contraire on était vaincu, on s'en prenait aux dieux de la défaite ; on leur reprochait d'avoir mal rempli leur devoir de défenseurs de la ville; on allait quelquefois jusqu'à renverser leurs autels et jeter des pierres contre leurs temples *.

Si une ville était vaincue, on croyait que ses dieux étaient vaincus avec elle'. Si une ville était prise, ses dieux eux- mêmes étaient captifs.

Il est vrai que sur ce dernier point les opinions étaient in»

��1. Il n'est sans doato pu nécessaire d'avertir que ces règles antiques se sont ttui adoacies avec le temps ; on a des inscriptions qui montrent des étrangers adressam des offrandes aux divinités athéniennes ; mais ces ioscriplioBS sont d'une daU nte- tivement récente.

K. Euripide, Héraclideê, S47.

S. Hérodote, V, 65; V, 80.

4. Suétone, GoHgtUa, i ; Sénèqne, de Vita beeUa, 36. Virgile, Bnéidê, I, M : victoêqw Pef%«tM.

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