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CHAP. XIII. LE PATRIOTISME; l'eXIL. 233

tiques, religion, droits civils, tout lui était enlevé du même coup. Tout cet ensemble était compris dans le titre de citoyen et se perdait avec lui,

��CHAPITRE XIII.

Le patriotisme. L'exil.

Le mot patrie chez les anciens signifiait la terre des pères, terra patria. La patrie de chaque homme était la part de sol que sa religion domestique ou nationale avait sanctifiée, la terre où étaient déposés les ossements de ses ancêtres et que leurs âmes occupaient. La petite patrie était Fenclos de la fa- mille, avec son tombeau et son foyer. La grande patrie était la cité, avec son prytanée et ses héros, avec son enceinte sacrée et son territoire marqué par la religion, o Terre sacrée de la patrie,"» disaient les Grecs. Ce n*était pas un vain mot. Ce soi était véritablement sacré pour l'homme, car il était habité par ses dieux. État, Cité, Patrie, ces mots n'étaient pas une abs- traction, comme chez les modernes; ils représentaient réelle- ment tout un ensemble de divinités locales avec un culte de chaque jour et des croyances puissantes sur l'âme.

On s'explique par là le patriotisme des anciens, sentiment énergique qui était pour eux la vertu suprême et auquel toutes les autres vertus venaient aboutir. Tout ce que l'homme pou- vait avoir de plus cher se confondait avec la patrie. En elle il trouvait son bien, sa sécurité, son droit, sa foi, son dieu. En la perdant, il perdait tout. Il était presque impossible que l'intérêt privé fût en désaccord avec l'intérêt public. Platon dit : C'est la patrie qui nous enfante, qui nous nourrit, qui nous élève. Et Sophocle : C'est la patrie qui nous conserve.

Une telle patrie n'est pas seulement pour l'homme un do mi- cile. Qu'il quitte ces saintes murailles, qu'il franchisse les limites sacrées du territoire, et il ne trouve plus pour lui ni religion ni lien social d'aucune espèce. Partout ailleurs q ue dans sa patrie il est eu dehors (^ la vie régulière et du droit ,

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