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CBM!P. II. LE CULTE DES MORTS. 19

à les punir, ils leur envoyaient des maladies ou frappaient le sol de stérilité. Ils ne laissaient enfin aux vivants aucun repos jusqu'au jour où les repas funèbres étaient rétablis'. Le sacri- fice, l'offrande de la nourriture et la libation les faisaient ren- trer dans le tombeau e^ '*«ir rendaient le repos et les attribut divins. L'homme était alors en paix avec eux*.

Si le mort qu'on négligeait était un être malfaisant, celui qu'on honorait était un dieu tutélaire. Il aimait ceux qui lui apportaient la nourriture. Pour les protéger, il continuait à prendre part aux affaires humaines; il y jouait fréquemment son rôle. Tout'mort qu'il était, il savait être fort et actif. On le priait; on lui demandait son appui et ses faveurs. Lorsqu'on rencontrait un tombeau, on s'arrêtait, et l'on disait : «toi qui es un dieu sous la terre, sois-moi propice '. »

On peut juger de la puissance que les anciens attribuaient aux morts par cette prière qu'Electre adresse aux mânes de son père;, o Prends pitié de moi et de mon frère Oreste-, fais-le revenir en cette contrée; entends ma prière, ô mon père; exauce mes vœux en recevant mes libations ». Ces dieux puissants ne donnent pas seulement les biens matériels; car Electre ajoute : « Donne-moi un cœur plus chaste que celui de ma mère et des mains plus purea*. » Ainsi l'Hindou demande aux mânes

1. Voyez dans Hérodote, I. 167, l'histoire des âmes des Phocéens qui boule- Tersent toute une contrée jusqu'à ce qu'on leur voue an anniversaire, et plusieurs histoires semblables dans Hérodote et dans Pausanias, VI, 6, 7. De même, dans Eschyle, Clylemnestre, avertie que les mânes d'Agamemnôn sont irrités contr«  elle, se hâte d'envoyer des aliments sur son tombeau. Voyez aussi la légende romaine que raconte Ovide, Fastes, II, 549-556 : « On oublia, un jour, le devoir Aes parentalia, alors les âmes sortirent des tombeaui et on les entendit courir en hurlant dans les rues de la ville et les champs du Lalium, jusqu'à ce que les sacrifices eussent été rendus à leurs lombes. » Cf. l'histoire que raconte encore Pline le Jeune, VII, 27.

2. Ovide, Fas<., Il, 518 : Animas placaiepaiemas. — 'VitgWt, £n.. VI, 379: Ossa piabunl et statuent tumulum et tumulo aolemnia tnittent, — Comparez le grec Ud<Txoii«i (Pausanias, VI, 6, 8). — Tite-Live, I, 20 : Justa funebria placandosque mânes.

3. Euripide, Alceste, 1004 (1016). — «On croit que si nous n'avons aucune attention pour ces morts et si nous négligeons leur culte, ils nous font du mal, et qu'au contraire ils nous font du bien si nous nous les rendons propices pa nos offrandes. » Porphyre, De absUn. U, »7. Voy. Horace, Odet, U, 21 ; Platon,

Loiê, IX, p. 926, 927. S. Eschyle, CKoephoret, 12>-li(.

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