Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAP. XVIII. OMNIPOTETÎCE DE L ÉTAT. 26Î

��CHAPITRE XVm.

De l'omnlpotonce de l'État; les anciens n'ont pas oonnn

la liberté individuelle.

��La cité avait été fondée sur une religion et constituée comme une Église, De là sa force ; de là aussi son omnipotence et l'empire absolu qu'elle exerçait sur ses membres. Dans une Bociété établie sur de tels principes, la liberté individuelle ne pouvait pas exister. Le citoyen était soumis en toutes choses et sans nulle réserve à la cité ; il lui appartenait tout entier. La religion qui avait enfanté l'État, et l'Etat qui entretenait la religion, se soutenaient l'un l'autre et ne faisaient qu'un ; ces deux puissances associées et confondues formaient une puis- gance presque surhumaine à laquelle l'âme et le corps étaient également asservis.

Il n'y avait rien dans l'homme qui fût indépendant. Son corps appartenait à l'État et était voué à sa défense \ à Rome, le service militaire était dû jusqu'à quarante-six ans, à Athènes et à Sparte toute la vie'. Sa fortune était toujours à la dispo- sition de l'État ; si la cité avait besoin d'argent, elle pouvait ordonner aux femmes de lui livrer leurs bijoux, aux créanciers de lui abandonner leurs créances, aux possesseurs d'oliviers de lui céder gratuitement l'huile qu'ils avaient fabriquée*.

La vie privée n'échappait pas à cette omnipotence de l'État. Beaucoup de cités grecques défendaient à l'homme de rester célibataire». Sparte punissait non-seulemeat celui qui ne se

��1 Thucydide,!, io&; Plutarqne, Phodon, 34; Pansanias, 1, 36. — Xénopimn, IlclUniqnes, VI, 4, 17.

2. Aristotp, Économ., II. L'anleor cite des exemples de Byzance, d'Athène», de Lampsagne, d'Héraclée PoDtique, de Chios, de Clazomène, d'Ephèse.

3. PoUux, III, 48 : ?)»« «a^ à^anfou itxai ico'XXaioù, xa.\i^i-[a\i.lcu «a\ «oitofaiitou I» Aaxtialuoffi. Cf. Id., VIII, 40 : TP"?*! 4t"«I^'<»'- Plularque, Lysandre, 30. — A Rome, un arrêt dea censeurs frappa les célibataires d'une amen Je. Valère-Maxime, II, 9; Aulu-Gelle, I, 6; D, li. Cicéroo dit encore : c»n»ores... ctelilMt ette pro- hibento (De Ugib., III, •).

�� �