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cHAP. I. PATRICIENS ET CLIENTS. 27b

distinction des classes, née dans la famille, se continua donc dans la cité.

La cité, dans son premier âge, ne fut que la réunion des chefs de famille. On a des témoignages d'un temps où il n'y avait qu'eux qui pussent être citoyens. On peut voir encore un vestige de cette règle dans une ancienne loi d'Athènes qui disait que pour être citoyen il fallait posséder un dieu domes- tique'. Aristote i^emarq)**) « qu'anciennement, dans quelques villes, il était de règle que le fils ne fût pas citoyen du vivant du père, et que, le père mort, le fils aîné seul jouît des droits politiques' ». La loi ne comptait donc dans la cité ni les branches cadettes ni, à plus forte raison, les clients. Aussi Aristote ajoule-t-il que les vrais citoyens étaient alors en fort petit hombre.

L'assemblée qui délibérait sur lès intérêts généraux de la cité, n'était aussi composée, dans ces temps anciens, que des chefs de famille, des patres. Il est permis de ne pas croire Gicéron quand il dit que Romulus appela pères les sénateurs pour marquer l'affection paternelle qu'ils avaient pour le peuple. Les membres de cet ancien Sénat portaient naturelle- ment ce titre parce qu'ils étaient les chefs des gentes. En même temps que ces homm.es réunis représentaient la cité, chacun d'eux restait maître absolu dans sa gens, qui était comme son petit royaume. On voit aussi dès les commence- ments de Rome une autre asr;emblée plus nombreuse, celle des curies ; mais elle diffère assez peu de celle des patres. Ce sont encore eux qui forment l'élément principal de cette assem- blée; seulement, chaquepaitJr s'y montreentourédesa famille; ses parents, ses clients même lui font cortège et marquent sa puissance. Chaque famille n'a d'ailleurs dans ces comices qu'un seul suffrage'. On peut bien admettre que le chef prend l'avis de ses parents et même de ses clients, mais il est clair que tfest lui aui vote. La loi défend d'ailleurs au client d'être d'un

��1 . Harpocration, ▼* ZtO; é^xiTo;, d'après Hypéride et Démélriai de Phalère.

2. Aristote, Politique, V, 5, I

3. Aula-Gelle, XV, 27. Nous verrons que la clientèle s'est trinsformée plus tar4( sous M partons ici qae de cet) des premiers siècles de Honn.

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