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CHAP. III. PREMIÈRE RÉVOLUTION. S89

4Tié8ée, en instituant cette assemblée, n'était pas volontai- rement novateur. La formation de la grande unité athénienne changeait, malgré lui, les conditions du gouvernement. Depuis que ces eupatrides, dont l'autorité restait intacte dans les ..familles, étaient réunis en une même cité, ils constituaient un orps puissant qui avait ses droits et pouvait avoir ses exi- gences. Le roi du petit rocher de Cécrops devint roi de toute l'Attique ; mais, au lieu que dans sa petite bourgade iLavait été roi absolu, il ne fut plus que le chef d'an État fédératif, c'est-à-dire le premier entre des égaux.

Un conflit ne pouvait guère larder à éclater entre cette aris- tocratie et la royauté, o Les eupatrides regrettaient la puis- sance vraiment royale que chacun d'eux avait exercée jusque- là dans son bourg. » 11 paraît que ces guerriers-prêtres mirent la religion en avant et prétendirent que l'autorité des cultes locaux était amoindrie. S'il est vrai, comme le dit Thucydide, que Thésée essaya de détruire les prytanées des bourgs, il n'est pas étonnant que le sentiment religieux se soit soulevé contre lui. On ne peut pas dire combien de luttes il eut à sou- tenir, combien de soulèvements il dut réprimer par l'adresse ou par la force; ce qui est certain, c'est qu'il fut à la fin vaincu, qu'il fut chassé d'Athènes et qu'il mourut en exil *.

Les eupatrides l'emportaient donc; ils ne supprimèrent pas la royauté, mais ils firent un roi de leur choix, Ménesthée. Après lui la famille de Thésée ressaisit le pouvoir et le garda pendant trois générations. Puis elle fut remplacée par une autre famille, celle des Mélanthides. Toute cette époque a dû être très-troubléé ; mais le souvenir des guerres civiles ne nous a pas été nettement conservé.

La mort de Codrus coïncide avec la victoire définitive des •eupatrides. Ils ne supprimèrent pas encore la royauté; car leur religion le leur défendait; mais ils lui ôtèrent sa pu's- sance poIitique.Le voyageur Pausanias, qui était fort postérieur à ces événements, mais qui consultait avec soin les traditions, dit que la royauté perdit alors une grande partie de ses atlri-

��PtaUrqae, Thifée, 2i «t 32. Diodor», IV, 62.

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