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CHAP. VII. PROGRÈS DE LA PLÈBE. 351

ivaient seulement accorde que quelques-uns des pU^béiens fussent inviolables. Toutefois c'était assez pour qu'il y eût quelque sécurité pour tous. Le tribun était une sorte d'autel vivant auquel s'attachait un droit d'asile *.

Les tribuns devinrent naturellement les chefs de la plèbe et s'emparèrent du droit déjuger. A la vérité, ils n'avaient pas le droit de citer devant eux, même un plébéien, mais ils pou- vaient appréhender au corps". Une fois sous leur main, l'homme obéissait. Il suffisait même de se trouver dans le rayon où leur parole se faisait entendre; cette parole était irrésistible, et il fallait se soumettre, fût-on patricien ou consul.

Le tribun n'avait dans les premiers temps aucune autorité politique. N'étant pas magistrat, il ne pouvait convoquer ni les curies ni les centuries.il n'avait aucune proposition à faire dans le Sénat; on ne pensait même pas, à l'origine, qu'il y pût paraître. Il n'avait rien de commun avec la véritable cité, c'est-à-dire avec la cité patricienne, où on ne lui reconnaissait aucune autorité. Il n'était pas tribun du peuple, il était tribun de la plèbe *.

Il y avait donc, comme par le passé, deux sociétés dans Rome, la cité et la plèbe : l'une fortement organisée, ayant des lois, des magistrats, un sénat; l'autre qui restait une multitude sans droit ni loi, mais qui dans ses tribuns invio- lables trouvait des protecteurs et des juges.

Dans les années qui suivent, on peut voir comme les tribuns sont hardis, et quelles licences imprévues ils se permettent. Rien ne les autorisait à convoquer la plèbe : ils la convoquent. Bien ne les appelait au Sénat : ils s'asseyent d'abord à la porte de la salle, plus tard dans l'intérieur. Rien ne leur donnait le droit de juger des patriciens : ils les jugent et les condamnent. C'était la suite de cette inviolabilité qui s'attachait à leur per- sonne sacrosainte. Toute force tombait devant eux. Le patri-

��1. Plutarque, Quegt, rom., 81 : vimif |IS|a«{.

J. AuUi-G«lle, XV, 27. Denys, VIII, 87 ; VI, 9«.

3 Tito-LiTs, 11, «, 13 : tribunes non vopvH. »e^ »lebit.

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