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>52 LIVRE IV. LES REVOLUTIONS.

ciat s'éUit, désarmé le jour où il avait prononcé avec les ri! solennels que quiconque toucherait un tribun serait impur. La loi disait : On ne fera rien à l’encontre d'un tribua. Donc, si ce tribun convoquait la plèbe, la plèbe se réunissait, et nul ne pouvait dissoudre cette assemblée, que la présence du tri- bun 'mettait hors de l'alleinte du patriciat et des lois. Si le tribun entrait au Sénat, nul ne pouvait l'en faire sortir. S'il saisissait un consul, nul ne pouvait le dégager de ses mains. Rien ne résistait aux hardiesses d'un tribun. Contre un tribun nul n'avait de force, si ce n'était un autre tribun.

Dès que la plèbe eut ainsi ses chefs, elle ne tarda guère à avoir ses assemblées délibérantes. Celles-ci ne ressemblèrent en aucune façon k celles de la cité patricienne. La plèbe, dans «es comices, était distribuée en tribus; c'était le domicile qui réglait la place de chacun, ce n'était ni la religion, ni la richesse. L'assemblée ne commençait pas par un sacrifice; la religion n'y paraissait pas. On n'y connaissait pasjes présages, et la voix d'un augure ou d'un pontife ue pouvait pas forcer les hommes à se séparer. C'étaient vraiment les comices de !a plèbe, et ils n'avaient rien des vieilles règles ni de la religion du patriciat.

Il est vrai que ces assemblées ne s'occupaient pas d'abord des intérêts généraux de la cité : elles ne nommaient pas de magistrats et ne portaient pas de lois. Elles ne délibéraient que sur les intérêts de la plèbe, ne nominaient que les chefs plébéiens et ne faisaient que des plébiscites. Il y eut long- temps à Rome une double série de décrets, sénalus-consultes pour les patriciens, plébiscites pour la plèbe. Ni la plèbe n'obéissait aux sénatus-con suites, ni les patriciens aux plébis- tttes. Il y avait deux peuples dans Rome.

Ces deux peuples, toujours en présence et habitant les mêmes murs, n'avaient pourtant presque rien de commun. Un plébéien ne pouvait pas être consul de la cité, ni un pa- tricien tribun de la plèbe. Le plébéien n'entrait pas dans l'as- semblée par curies, ni le patricien dans l'assemblée par ribus*.

Tit«-LiT*, n, 60. Denyg, VU, 14. Fastut, ▼* Seit» pUbiâ. Il est bien eotendu

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