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CHAP. Vil. LE DROIT DE SUCCESSION 7 9

«jaute qu'il recommande aux frères de doter leurs sœurs, ce qui achève de montrer que celles-ci n'ont par elles-mêmea aucun droit à la succession paternelle.

Il en est de même à Athènes. Les orateurs attiques, dans leurs plaidoyers, ont souvent l'occasion de montrer que les filles n'héritent pas'. Démosthène est lui-même un exemple de l'application de cette règle, car il avait une sœur, et nous savons par ses propres écrits qu'il a été l'unique héritier du patrimoine ; son père en avait réservé seulement la septième partie pour doter sa fille. •

Pour ce qui est de Rome, les dispositions du droit primitif nous sont très-imparfaitement connues. Nous ne possédons de ces époques anciennes aucun texte de loi qui soit relatif au droit de succession de la fille -, nous n'avons aucun docu- ment analogue aux plaidoyers d'Athènes; nous sommes réduits enfin à chercher les faibles traces du droit primitif dans un droit très-postérieur et très-différent. Gaïus et les Institutes de Justinien rappellent encore que la fille n'est au nombre des héritiers naturels qu'autant qu'elle se trouve en puissance du père au moment de la mort de celui-ci* : or, elle n'y est plus, si elle a été mariée suivant les rites religieux. A supposer donc qu'avant d'être mariée elle pût partager l'héritage avec un frère, elle ne le^ouvait certainement plus dès que la con- farreatio l'avait fait sortir de la famille paternelle pour l'at- tacher k celle du mari. Il est bien vrai que, non mariée, la loi ne la privait pas formellement de sa part d'héritage; mais il faut se demander si, dans la pratique, elle pouvait être vé- ritablement héritière. Or, on ne doit pas perdre de vue que cette fille était placée sous la tutelle de son frère ou de ses agnats, qu'elle y restait toute sa vie, que la tutelle de

1. Dansisée, in Xenœnetum, 4, nons voyons un père qui laisse un fils, deui filles et un autre fils imancipé; le premier fils hérite seul. Dans Lysias, pro Man^ tilheo, 10, Qous voyons deux frères qui se partagent le patrimoine et qui se con- tentent • doter leurs deux sœurs. La dot n'était d'ailleurs, dans les usages d'À* tbènes, qu'âne faible partie de la fortune paternelle. Uéraosthène, in Bûeotum, de àole, 33-24, montre aussi-que les filles n'héritent pas. Enfin, Aristophane, Ai»t€, 16b9-1654, indique clairement qu'une fille n'hérite pas, si elle a des frèrag.

3. Oaiiu, 01, t-3; Institutes da Justinien, U, t9, ».

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