Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/414

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– Ce ne sont pas les seuls ; il y a là-bas un des blancs, le fils de l’Aigle des Montagnes-Neigeuses.

– Et le Moqueur, et l’Aigle, que sont-ils devenus ? J’avais confié à mon frère onze guerriers : qu’en a-t-il fait ? demanda le chef indien d’un accent sévère, après qu’il eut réprimé le premier mouvement de joie que lui fit éprouver la capture de Fabian.

– Neuf sont morts, répondit le métis. Mais pourquoi le chef fronce-t-il le sourcil ? Il a assiégé pendant un jour et une nuit les trois blancs dans l’îlot du Rio-Gila ; qu’a-t-il fait de ses guerriers, que les poissons de la rivière ont dévorés ? Le bras de l’Oiseau-Noir est paralysé pour bien longtemps. El-Mestizo, en douze heures, a pris le jeune guerrier du Sud ; il a désarmé l’Aigle et le Moqueur, dont les buffles, les daims et les enfants indiens se rient à présent.

– L’Aigle et le Moqueur sont sur nos traces ; ils ont de nouvelles armes, et ils ont semé leur chemin de nouveaux cadavres de nos guerriers. »

Alors le chef sauvage raconta au métis ce qu’il ignorait, les combats qu’il avait soutenus depuis son départ du camp mexicain, et ce récit arracha au métis plus d’un grincement de dents.

Cependant l’Oiseau-Noir et Sang-Mêlé, sous l’impression de sentiments de mécontentement mutuel, gardèrent le silence quand le récit fut achevé. Peut-être cette conférence se fût-elle envenimée promptement sans l’arrivée de six autres guerriers : c’étaient les débris de la troupe de l’Antilope, échappés au carnage de la Passe-Étroite, où le coureur lui-même avait laissé la vie.

Alors toute la fureur des Indiens se tourna contre Fabian : c’était l’issue naturelle qu’elle devait trouver.

« Où est le fils de l’Aigle ? s’écria l’Oiseau-Noir.

– Là-bas, reprit le métis en désignant le massif sur l’autre bord, où Main-Rouge gardait son prisonnier.

– Qu’il meure ! » dit le chef.