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FEUILLETON DE LA PRESSE


du mardi 6 août 1861


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TROIS SŒURS RIVALES [1]


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X (Suite).


» Ah ! ma chère Renée, je me repentis immédiatement d’avoir fait à M. de Morges un tel aveu ; car je n’oublierai jamais l’expression sarcastique et méprisante qui se répandit alors sur ses traits.

» Ah ! vous aviez un amant, me dit-il, j’aurais dû m’en douter à la répulsion que vous me témoignez.

» Je me sentis pâlir d’indignation.

» — Vous vous trompez, monsieur, lui répondis-je, celui que j’aime ne m’aime pas, et il n’est pas libre ; mais moi je l’aime encore et je l’aimerai toute ma vie.

» — N’ai-je donc pas des droits sur votre cœur, madame ? dit-il avec un accent de jalousie et d’emportement qui m’effraya.

» — Des droits ! répétai-je d’un air hébété, des droits !

» Jusqu’alors je crois que je ne m’étais pas fait une idée bien exacte de ma situation, et ce mot me fit entrevoir soudain toute la réalité. Un instant la tête me tourna ; j’eus

  1. La reproduction est interdite. — Voir la Presse des 24, 25, 26, 30, 31 juillet et 1er août.