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Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1880.djvu/352

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CHANSONS POPULAIRES

lisme, elles concourent, avec l’aspiration, qui est l’élément divin de l’esprit, à rendre la langue hébraïque et généralement les langues sémitiques propres, dans leur ton, leur esprit et leur caractère, à l’expression de la révélation sacrée, de la prophétie divine et de la contemplation de l’unité infinie. Et c’est ce qui fait dire à Herder que la langue hébraïque est pleine de l’haleine de l’âme ; qu’elle ne résonne pas comme la langue grecque, mais qu’elle respire, qu’elle vit ; que c’était l’esprit de Dieu qui parlait en elle, le souffle du Tout-Puissant qui l’animait[1]. Elle se prête peu à l’expression des modifications de la durée et de l’espace ; c’est pourquoi, en premier lieu, elle ne mesure pas les syllabes comme le grec et le latin ; elle ne les compte pas comme les langues modernes ; c’est pourquoi, en second lieu, riche en verbes et en substantifs dérivés des verbes, elle est très-pauvre en adjectifs qui correspondent aux qualités et propriétés des êtres.[2] Enfin, selon la remarque de F. Schlegel, de toutes les formes d’art terrestre, on ne trouve guère dans les Saintes Écritures de l’Ancien Testament que celles qui peuvent exister dans un ordre de choses purement spirituel. On ne saurait y découvrir d’exposition dramatique, ni d’images épiques particulières, pas plus que des exercices d’art oratoire ou des combinaisons scientifiques ; car, ajoute le même auteur, les formes grammaticales d’une langue et toute sa structure artificielle sont l’ouvrage de la raison. Au contraire, les figures et les tropes sont les éléments de l’imagination ; or, ces

  1. Université catholique, 3e liv., p. 237.
  2. Idem.