Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/7

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trot momentané sonnait sourdement sur le sable.

La caravane voulait entrer à Oph, la ville royale des Pharaons, avant le lever du soleil ; elle se hâtait, mais déjà le ciel blémissait, les étoiles s’effaçaient une à une ; les objets apparaissaient, sans couleur encore, mais découpant leurs silhouettes noires sur l’atmosphère éclaircie.

Les chameaux, cambrant leur long col et balançant leurs têtes aux lèvres pendantes, les ânes, disparaissant à demi sous leurs charges et harcelés par leurs conducteurs, les chariots, tirés péniblement par de grands bœufs qui mugissaient par instants, se dégageaient de plus en plus de l’ombre.

Bientôt les ibis roses, qui dormaient un pied dans l’eau, fouettèrent l’air de leurs grandes ailes et étirèrent leurs membres ; des gypaètes s’envolèrent avec des cris aigus, le Nil s’éclaira, en même temps que le ciel, et un faisceau de rayons d’or jaillit de l’horizon oriental.