Page:Gautier - Guide de l’amateur au Musée du Louvre, 1882.djvu/42

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délicatesse et d"une pureté exquises, ont une grâce tout ingénue. On sent moins chez elle la Dame du paradis, la Reine des anges, et la mortelle qui, malgré son humilité, a la conscience d’avoir enfanté un Dieu. C’est autant la sœur ainée de Jésus qui le surveille et le fait jouer avec un petit camarade, que la mère de l’enfant divin. Saint Jean, agenouillé, présente à Jésus une frêle croix de jonc, image de la croix du Calvaire ; ce n’est qu’un jouet maintenant, plus tard, ce sera l’instrument du supplice ; mais personne n’y pense dans le groupe heureux et candide.
Avec quelle grâce tendre . la Vierge au voile exprime l’adoration maternelle ! La sainte Vierge, la tête ceinte d’un léger diadème, s’agenouille devant l’enfant Jésus endormi sur un coussin ; elle soulève d’une main émue le voile qui le couvre et le fait voir au petit saint Jean agenouillé près d’elle. C’est peut-être ce tableau qui a fait naître l’expression populaire : « Il dort comme un enfant Jésus ! » Quel abandon, quelle molle souplesse dans ce corps de bambin potelé et troué de fossettes, qui repose sous l’œil de sa mère ! Il semble qu’on voie perler sur sa peau satinée la douce moiteur du sommeil ! Quel profil divinement pur que celui de la Vierge, quelle naïveté dans celui de saint Jean, qui joint ses menottes et prie tout extasié ! Cette Vierge au diadème, sans être tout à fait encore la Vierge à la chaise ou la Madone de la sainte famille n’a plus la simplicité rustique de la Belle Jardinière.
Regardez encore, dans le Salon carré, deux petits tableaux de Raphaël appartenant à sa première ma-