Page:Gautier - Guide de l’amateur au Musée du Louvre, 1882.djvu/60

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Christ en croix. Cette dernière est signée « Francia aurifaber ; » car ce peintre était orfèvre et signait ses pièces d’orfèvrerie « Francia pictor », par une bien compréhensible coquetterie d’artiste. Francia n’était, du reste, qu’un surnom : il s’appelait en réalité Francesco Raibolini.
On ne connaît guère sous son nom d’Andréa Vannucchi le célèbre André del Sarto à qui ses contemporains imposèrent ce sobriquet, parce que son père exerçait la profession de tailleur. La postérité a conservé l’appellation familière et en a fait une auréole. Se nommait-il bien Andréa Vannucchi ? c’est ce que l’érudition moderne conteste. En effet, son monogramme se compose de deux A entre-croisés, et non pas d’un A et d’un V, comme on le croyait d’abord ; mais qu’importe ! André del Sarto n’en fut pas moins proclamé le maître sans défauts, senza errori ; mais ce n’est pas à cela qu’il doit sa gloire : il sut trouver, parmi tous ces génies et tous ces talents de la Renaissance, une manière grande, large, simple, où beaucoup de naturel et une certaine naïveté charmante se mêlaient au plus beau style et à la plus riche couleur, mérite rare à Florence, où le dessin prévalait sur le coloris. L’aspect d'André del Sarto est profondément original, et ses tableaux se reconnaissent à première vue. Ses madones, ses charités ont un certain air de famille et rappellent le type de cette Lucrezia del Fede qu’il aimait follement et qui le perdit, car il dissipa pour elle les sommes que François Ier lui avait données dans le but d’acheter des objets d’art en Italie. Mais arrêtons-nous là, nous