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DES ROSEAUX EN FLEUR.

Fûten fit une joyeuse cabriole et s’enfuit en courant à travers le bois.

Bientôt toute la compagnie s’enfonça sous les ombrages avec de petits cris de joie, et cette allure d’oiseaux envolés que prennent les habitants des villes en arrivant à la campagne.

On cherchait une bonne place sur l’herbe pour déjeuner. Chacun criait qu’il avait trouvé le plus joli coin, et l’on courait de-ci de-là, gaiement.

Mais Boïtoro avait rejoint Fûten, le frère des jeunes filles ; c’était un joyeux garçon à la face ronde, marqué de petite vérole, aux lèvres épaisses, au regard malicieux sous ses paupières bridées. Il avait relevé sa robe et fixé un de ses pans dans sa ceinture, pour ne pas être, en gambadant, incommodé par les broussailles ; on voyait à nu ses mollets bruns et nerveux.

— « Tu n’as pas de frère, seigneur Fûten ? dit Boïtoro en marchant à côté du jeune homme.

— Je n’ai pas de frère, c’est moi le chef de la famille, dit Fûten, en se donnant un air d’importance comique.

— Et tu te plais dans la société exclusive des femmes ?