Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
L’ORIENT.

se demande avec terreur si cette mort est un cas exceptionnel ou si un destin pareil attend chacun dans un avenir plus ou moins éloigné. Les trépas se multiplient à mesure que la famille primitive avance en âge, et l’on comprend enfin que la mort est une fatalité inévitable. Du souvenir ses ancêtres, de l’apparition de leurs spectres à travers les magies du rêve, de l’inquiétude du sort de l’âme après l’anéantissement du corps, naît, avec le pressentiment d’une autre vie, la première idée de Dieu. La Mort enseigne l’éternité et démontre d’une façon irréfragable un pouvoir supérieur à celui de l’homme. Les croyances à la métempsycose, aux voyages de l’âme dans d’autres sphères, aux rémunérations et aux châtiments selon les œuvres, s’établissent chez les peuples d’après le degré de civilisation qu’ils ont atteint. Chez les moins avancés, ces doctrines subsistent confuses, barbares, surchargées de superstitions et de bizarreries ; cependant, partout, le mystère de la tombe est entouré de vénération.