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L’ORIENT.

immortalité relative dépendait en quelque sorte de l’intégrité de celui-ci. L’altération ou la privation d’un membre étaient supposées ressenties par l’âme, dont la forme eût été mutilée dans son spectre impalpable, et qui n’eut pu suivre, boiteuse ou manchote, le cycle des migrations ou des métempsycoses. De là le soin religieux de la dépouille humaine, les méthodes infaillibles et les précautions minutieuses de l’embaumement, l’inébranlable solidité et le gisement secret des tombeaux dont les prêtres seuls possédaient la carte, cette préoccupation d’éternité dans la mort, qui caractérisent d’une façon si originale les anciens Égyptiens et en font un peuple à part, incompréhensible pour les nations modernes, en général si empressées de rendre à la terre et de faire disparaître les générations qui les ont précédées.

Pendant cette longue intimité avec l’Égypte, M. Ernest Feydeau, qui n’est pas seulement un archéologue, mais encore un poëte, après avoir sondé les mystères du vieux royaume des Pharaons, s’est passionnément