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L’ORIENT.

blancs sommets de la Mouzaïa. L’artiste a beau chercher à se consoler avec « cette petite lumière intérieure » dont parle Jean Paul, et qui nous empêche de voir et d’entendre le temps qu’il fait dehors ; il n’y tient plus ; il faut qu’on selle les chevaux, qu’on sangle les mulets et qu’on se mette en route ; il sait bien cependant qu’il ne retrouvera plus son premier éblouissement, que le chemin de Medeah à El-Aghouat ne présente pas ce merveilleux coup de théâtre d’El-Kantara ; il étudie même, pour se prémunir et se désenchanter, la carte assez aride du Sud, non pas en géographe, mais en peintre, et voici ce qu’elle indique : « des montagnes jusqu’à Boghar ; à partir de Boghar, sous la dénomination de Sahara, des plaines succédant à des plaines, plaines unies, marécages, plaines sablonneuses, terrains secs et pierreux, plaines onduleuses et d’alfa, à douze lieues nord d’El-Aghouat, un palmier ; enfin, El-Aghouat, représenté par un point plus large, à l’intersection d’une multitude de lignes brisées rayonnant en tous sens vers des