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LE SAHARA.

noms étranges, quelques-uns à demi fabuleux ; puis, tout à coup, dans le sud-est, une plaine indéfiniment plate, aussi loin que la vue peut s’étendre ; et, sur ce grand espace laissé en blanc, ce nom bizarre et qui donne à penser : Bled-el-Ateuch, avec sa traduction : Pays de la soif ! »

Certes, voilà un itinéraire peu fait pour exciter les touristes philistins ; mais cette nudité est précisément ce qui enflamme l’imagination du jeune peintre, et il répond aux objections que pourrait lui faire l’ami auquel s’adressent ses lettres : « Admets seulement que j’aime passionnément le bleu, et qu’il y a deux choses que je brûle de revoir, — le ciel sans nuages, au-dessus du désert sans ombre ! »

Au bout de quelques journées de marche à travers des pentes escarpées, des ravins pierreux, des lits de torrents à sec, où s’épanouissaient des touffes de lauriers-roses, on arrive à Boghar. — Nous ne pouvons résister au plaisir de citer la page charmante que