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L’ORIENT.

consacre M. Eugène Fromentin à cette halte au bord du désert.

« C’est là qu’à la halte du matin, par une journée blonde et transparente, j’ai revu les premières tentes et les premiers troupeaux de chameaux libres, et compris avec ravissement qu’enfin j’arrivais chez les patriarches.

« Le vieux Hadji-Meloud, tout semblable à son ancêtre Ibrahim, Ibrahim l’Hospitalier, comme disent les Arabes, nous attendait à sa zmala, où son fils Si-Djilali était venu nous conduire lui-même, pour que toute la famille y fût présente. Il nous reçut à côté du douar, suivant l’usage, dans de grandes tentes dressées pour nous (guïatin-el-dyaf, tentes des hôtes), au milieu de serviteurs nombreux, et avec tout l’appareil convenu ; on y mangea beaucoup, et nous y bûmes le café dans de petites tasses vertes, sur lesquelles il y avait écrit en arabe : Bois en paix.

« Je n’ai jamais, en effet, rien vu de plus paisible, ni qui invitât mieux à boire en paix dans la maison d’un hôte ; je n’ai jamais