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L’ORIENT.

reparaissait à droite, toujours aussi roide, et fermait l’horizon. Cette barre tranchait crûment sur un fond de ciel couleur d’argent mat, et ressemblait, moins le ton, à une mer sans limites. Dans l’intervalle qui me séparait encore de la ville, il y avait une étendue sablonneuse et quelque chose d’un gris plus bleuâtre, comme le lit abandonné d’une rivière aussi large que deux fois la Seine. On y voyait par places, aux deux bords, des taches vertes ayant l’air de joncs. Tout à fait sur le devant, un homme de notre escorte, à cheval, penché sur sa selle, attendait au repos le convoi laissé fort loin en arrière : le cheval avait la tête basse et ne bougeait pas. »

Comme tous les plans de ce tableau sont bien établis, comme les lignes en sont arrêtées d’un trait sûr, comme les couleurs en sont rares et vives, et dans quelle éclatante crudité se dessine, au milieu de la lumière, la ville saharienne !

El-Aghouat, très-opiniatrément disputée par les Arabes à la colonne française, porte