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LE SAHARA.

encore les cicatrices mal fermées du combat. Ses puits renferment bien des cadavres, et souvent, autour des remparts, les chiens maigres, en grattant le sable, ramènent un lambeau d’uniforme ou de bournous. La population résignée semble accepter sa défaite avec le fatalisme musulman : « C’était écrit ! »

La ville, comme toutes celles qui ont à se défendre contre les ardeurs d’un soleil dévorant, diminue la rue au profit de la maison. Les rayons solaires pénètrent moins aisément dans ces étroites coupures où encore il faut à midi se plaquer contre la muraille pour profiter de deux ou trois pouces d’ombre. M. E. Fromentin décrit admirablement ces maisons aux rares ouvertures, bâties de boue séchée, contre lesquelles s’adossent, pour dormir, de pâles fantômes enveloppés de bournous d’un blanc sale, encadrant des visages mats, sérieux, impassibles ; ces jardins séparés par des clôtures de terre d’où jaillissent de sveltes palmiers, et que sillonnent en tous sens des canaux d’irrigation. Il rend à merveille l’accablement de chaleur, le poudroie-