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L’ORIENT.

ment de lumière, le silence méridien de la sauvage cité : les figures ne sont pas moins bien traitées que les fonds. — Il faut lire, — regarder serait plutôt le mot propre, car ce sont de vraies peintures, — dans le volume même, les portraits du gardien des eaux, « sorte de Saturne armé d’une pioche en guise de faux, avec un sablier dans la main ; » d’Aouïmer, le joueur de flûte, à la grâce efféminée, à l’élégance endormie, qui s’enivre de sa propre cantilène ; du vieux chasseur d’autruches, d’Ahmet le voleur, du bon Mouloued, et tant d’autres physionomies esquissées avec un incroyable bonheur d’expression. — Les femmes à la fontaine sont un beau tableau de maître. Après avoir décrit la scène dans tout son mouvement et sa couleur, l’artiste dit, en parlant à l’ami auquel s’adresse sa relation : « Représente-toi maintenant sous cette couverture abondante en plis, mais légère, de grandes femmes aux formes viriles, avec des yeux cerclés de noir, le regard un peu louche, des cheveux nattés, qui se perdent dans le voile en flots obscurs, en encadrant