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L’ORIENT.

cher sur ce tissu épais comme un gazon, moelleux comme un velours, et diapré comme un cachemire !

Il y a dans l’intérieur du salon persan — nous ne trouvons pas de mot plus juste pour désigner cet élégant réduit — des tapis de moindre dimension, de ceux qui servent à la prière ou au repos lorsqu’on s’arrête en voyage. Ils sont larges et longs à peu près comme une descente de lit. Quel curieux enlacement de fleurs, d’arabesques, de chimères ! quels délicieux mariages de tons dans ces bouquets tissés ! Nous nous souvenons d’avoir vu bien souvent aux eaux douces d’Asie ou d’Europe des Persans assis sur des tapis pareils à ceux-là. Ils restaient là impassibles des heures entières, le coude appuyé sur une espèce de fourchette en acier terminée par un demi-cercle où s’emboîtait le bras, avec leurs hauts bonnets fourrés d’astrakan, leurs yeux agrandis par le k’hol, leurs barbes teintes en noir bleu et leurs robes rayées de légers fils d’or. Leurs tapis nous ont fait plus d’une fois commettre le péché d’envie, et