Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/194

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force des choses, nous hériterions légitimement du pouvoir, avec l’agrément du Grand Mogol, dont nous aurons toujours soutenu les candidats et respecté les décrets.

— Ah ! monsieur, l’audace de votre génie m’éblouit, s’écria Bussy en se levant ; certes une pareille conquête est possible, et si l’on sait vous comprendre et vous aider, vous réussirez. Quant à moi, je suis prêt à sacrifier ma vie pour vous servir, et je suis fier et heureux de l’honneur que vous me faites en me choisissant pour vous seconder.

— Vous seul savez la vérité sur mes projets, Bussy, ne les laissez pas deviner, mais dirigez vos actions dans le sens qui les servira. Je ne pouvais rien sans un homme tel que vous, sans l’esprit supérieur qui saura deviner mes désirs, et pensera comme moi-même.

— Ah ! ne m’accablez pas de tant d’éloges, dit le marquis, ne me rendez pas impossible d’égaler la trop haute opinion que vous avez de moi.

— Cette fois je ne me trompe pas, dit Dupleix en serrant le jeune homme dans ses bras, vous êtes bien celui que j’attendais. Mais en voilà assez pour aujourd’hui, nous reparlerons de cela avant le départ ; retournons à notre soirée.

Dans le salon, Dupleix s’approcha d’une table servie et se fit verser du champagne.

— Buvons au triomphe des princes légitimes, dit-il, en trinquant avec Bussy.

Le jeune homme vida son verre d’un trait, et dit à voix basse, en le reposant sur le plateau :

— À la conquête du paradis !