Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/213

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ler les trésors, au lieu de fondre sur l’usurpateur, sans lui donner le temps de se reconnaître. Maintenant ils attendent, de Delhi, les lettres du Grand Mogol qui les confirment dans leurs titres ; je m’en moque pas mal des lettres du Grand Mogol ! L’autre Soubab s’en fabrique de fausses, c’est plus tôt fait, et il peut nous tomber sur le dos sans prévenir.

— Cela n’est pas à craindre, dit Bussy, ces princes indiens procèdent tous de la même façon ; Nasser-Cingh est le pire des ivrognes, il n’a aucune énergie ; avant que son armée soit venue d’Aurangabad ici, il se passera des mois C’est pourquoi je venais vous demander un congé de quelques jours.

— Un congé : pour quoi faire ? demanda d’Auteuil brusquement.

— Vous savez que je m’intéresse fort aux monuments, à la littérature et aux mœurs de ce pays, il y a dans les environs des ruines que je voudrais visiter.

— C’est vrai, vous êtes un savant, vous. Mais voilà bien le moment d’aller regarder de vieilles pierres ! Vous en verrez de reste, et c’est toujours la même chose ; il vaut mieux que vous demeuriez ici.

— Monsieur, vous m’obligeriez beaucoup en m’accordant ce que je vous demande, dit le marquis qui faisait tous ses efforts pour rester très calme.

— Vous y tenez à ce point ! dit le général en jetant à Bussy un regard de côté.

— J’y tiens beaucoup.

— Encore si c’était un rendez-vous d’amour, cela aurait le sens commun ; mais pour aller admirer d’affreux bonshommes de pierre qui font la grimace…