Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/222

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Cette voix si basse, palpitante de peur, il crut deviner de qui elle venait. C’était Lila, sans doute. Il répondit par une pression rapide, à celle de cette douce main brûlante, puis la femme invisible sembla s’être enfoncée dans la muraille.

Quel danger courait-il donc ? Un seul l’inquiétait : la reine manquant à sa promesse. Mais il était certain qu’elle voudrait la tenir et n’oserait pas désobéir aux dieux.

— Le danger ne viendra qu’après, se disait-il, et après qu’importe !

Il marchait à présent dans une complète obscurité, les arcades avaient cessé, et l’on s’enfonçait dans l’intérieur de l’édifice. Bientôt, pourtant, une lueur apparut au lointain, grandit rapidement, faisant briller sur le sol cette poussière épaisse, faite de poudres d’or, de santal et d’aloès. Il arriva dans une haute salle, éclairée par des lampes, et celui qui le guidait s’arrêta devant une porte, que masquaient de lourds rideaux de drap d’or. Ils s’écartèrent et, sans bruit, la porte qu’ils découvrirent, glissa dans une rainure.

Bussy entra dans une chambre octogonale, dont les murs étaient revêtus de panneaux d’ivoire sculpté, où le plafond, en coupole, scintillait, sur un fond de lapis, d’étoiles de pierreries. Mais le jeune homme n’aperçut rien de la salle.

La reine était là, debout, appuyée au socle d’or qui supportait les lumières, et la revoir fut pour lui une surprise, car sa beauté surpassait de beaucoup le souvenir qu’il en gardait.