Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/362

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ronne de jasmins retenait son voile, et elle n’avait d’autres bijoux que des perles.

Quand le marquis fut à quelques pas d’elle, Ourvaci se tourna à demi et se cacha dans son voile, avec ce mouvement, si gracieux, de pudeur et de timidité, qui est un hommage.

Puis elle s’avança vers Bussy, en entraînant Lila, dont elle avait pris la main.

— Joie et triomphe à l’ambassadeur ! dit-elle ; a-t-il trouvé le repos sous notre humble toit ?

— L’air de ce palais est pour moi comme l’ambroisie des dieux, dit-il, et je suis aussi heureux qu’un immortel.

Ils étaient un peu en avant de la suite, et la reine dit en baissant la voix :

— Lila seule connaît le message du roi et sait tout le bonheur que tu apportes ici, gardons le secret ; demain seulement, j’annoncerai aux ministres, pendant le conseil, le but de ton ambassade, sans leur dire encore, pourtant, quelle réponse je ferai au roi du Dekan, car elle causera des déceptions.

Bussy eut un tressaillement de peur.

— Pendant l’absence de la Parure du Monde, dit Lila vivement, Panch-Anan devait être régent, et garder le pouvoir jusqu’au jour où un héritier…

— À quoi bon parler de cela ? interrompit la reine avec impatience. L’illustre ambassadeur est las de toutes ces questions. Occupons-nous plutôt du concert des oiseaux et de la beauté des fleurs.

— Quand la divine musique de ta voix caresse l’oreille, dit-il, le chant de l’oiseau ne semble plus