Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/163

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VI

Tahoser, encouragée par la phrase amicale de Poëri, quitta sa pose suppliante et se releva. Une vive couleur rose avait envahi ses joues tout à l’heure si pâles : la pudeur lui revenait avec l’espoir ; elle rougissait de l’action étrange où l’amour la poussait, et, sur ce seuil que ses rêves avaient franchi tant de fois, elle hésita : ses scrupules de vierge, étouffés par la passion, renaissaient en présence de la réalité.

Le jeune homme, croyant que la timidité, compagne du malheur, empêchait seule Tahoser de pénétrer dans la maison, lui dit d’une voix musicale et douce où perçait un accent étranger :

« Entre, jeune fille, et ne tremble pas ainsi ; la demeure est assez vaste pour t’abriter. Si tu es lasse, repose-toi ; si tu as soif, mes serviteurs t’apporteront de l’eau pure rafraîchie dans des vases d’argile poreuse ; si tu as faim, ils mettront devant