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le second rang du collier

Comme on le pense bien, cette motion fut accueillie avec enthousiasme.

Il fut donc décidé que nous représenterions Pierrot posthume, puis — les débutants ne doutant de rien, — dans la même soirée, le Tricorne enchanté.

Il n’y avait pas de temps à perdre. Pierrot posthume fut tout de suite mis à l’étude, et l’on distribua les rôles ainsi :

Le Docteur. . . THEOPHILE GAUTIER.
Pierrot . . . . . .THÉOPHILE GAUTIER FILS.
Arlequin. . . . . ESTELLE.
Colombine . . . JUDITH.

Bientôt les répétitions commencèrent.

Mon père y apportait un entrain extrême et beaucoup d’application. Seulement, tout d’abord, son jeu fantaisiste et primesautier se plaisait mal à la discipline, et il mettait parfois ses partenaires dans un grand embarras : quand un hémistiche ou un vers lui manquait, il en improvisait un autre, et notre réplique, naturellement, ne rimait plus. Cela nous fâchait beaucoup ; mais il nous répondait que nous n’avions qu’à faire comme lui, en improvisant des rimes nouvelles : proposition qui soulevait un tollé général.

On s’occupa, presque en même temps, de la mise en scène de l’autre pièce, qui comportait un plus grand nombre d’acteurs.

Mon père prit le rôle de Géronte ; mon frère,