Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/115

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dans son suaire, le son de la terre roulant sur le cercueil ne doit pas être plus triste et plus lugubre. Peut-être me suis-je enterré vivant, et ce trou noir sera-t-il mon caveau sépulcral.

Et il continua à descendre les marches, posant les pieds avec précaution, les mains tendues devant lui.

— Pourvu que ce souterrain ait une issue, quand même elle devrait déboucher dans un cénacle de bandits, dans un sanhédrin de sorcières ! disait le pauvre Benedict, regrettant presque la chambre rouge.

Du reste, dans ces opaques ténèbres, nulle lueur, même livide, nulle étoile, même sanglante ; aucune raie de lumière aux interstices des blocs. Rien que la nuit désespérante, épaisse et froide.

Ce malheureux jeune homme semblait avoir passé de la première à la seconde pièce de son tombeau.

Le vent, engouffré sous la voûte humide, poussait de ces gémissements qui ressemblent à des voix humaines, et par lesquels la nature, dans des nuits d’ouragan, semble déplorer des pertes inconnues : lamentations vagues, soupirs étouffés, sanglots qu’on dirait échappés d’une poitrine qui se brise, hurlements de victimes qu’oppresse le genou du meurtrier. L’orgue de la tempête joua pour ce pâle auditeur, tâtonnant dans l’ombre, toute sa symphonie de tristesse et d’épouvante.

À mesure qu’il descendait, les marches devenaient humides et glissantes, et de fins nuages de