Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/140

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chapeau voilait encore sa figure et les plis du manteau dissimulaient sa taille.

Cependant l’intention du nouveau survenant ne parut pas être de prolonger plus longtemps son incognito, car il s’avança sous la petite lampe qui brûlait encore, jeta en arrière sa cape, ôta son chapeau, et découvrit aux regards surpris d’Arundell la tête de sir Arthur Sidney.

Arundell ne put retenir un cri de surprise.

Sir Arthur Sidney resta parfaitement calme en face de son ami, et comme s’il ne se fût rien passé d’extraordinaire. Les rayons de la lampe jouant sur les luisants satinés de son front lui faisaient comme une espèce d’auréole. Son regard était plein de calme, et ses traits exprimaient la sérénité la plus parfaite.

— Quoi ! c’est vous ! sir Arthur.

— Moi, revenu ce matin des Indes.

— Que signifie tout ceci, Arthur ? s’écria Benedict, ne pouvant plus douter de l’identité de Sidney.

— Cela signifie, répondit tranquillement Sidney, que je n’avais pas donné mon consentement à ce mariage, et qu’il a bien fallu l’empêcher. Voilà tout. Je vous demande pardon des moyens employés. Je n’en avais pas d’autres, j’ai pris ceux-là.

— Quelle prétention étrange ! répliqua Benedict, décontenancé par la simplicité froide de la réponse. Êtes-vous mon père, mon oncle, mon tuteur, pour vous arroger de tels droits sur moi ?

— Je suis plus que tout cela, je suis votre ami, répondit gravement Sidney.