Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/156

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blafardes. Tout augmentait l’épouvante de la situation.

La pendule sonna deux heures. Son timbre, d’ordinaire si clair, si argentin, résonnait lugubrement.

Volmerange se pencha sur le lit, grinçant des dents, l’œil plein d’éclairs, saisit le bras d’Edith avec une brutalité impérieuse, et réitéra sa phrase d’un ton bref et fiévreusement saccadé. Une écume de rage moussait à ses lèvres, qu’il avait mordues si fort pendant la minute de silence que le sang en avait jailli.

La jeune fille, en voyant si près d’elle ce visage dont la beauté admirable ne pouvait s’effacer même dans les contractions de la fureur et rappelait la face d’un Archange irrité, sentit ses forces l’abandonner, le vertige de l’évanouissement passa sur ses yeux, et elle aurait perdu connaissance si une violente secousse ne l’eût fait revenir à elle.

Il lui sembla que son bras, arraché, allait quitter son épaule. Volmerange l’avait jetée à bas du lit.

Elle était au milieu de la chambre ; un second choc la fit tomber à genoux.

— C’est bien, dit Volmerange, vous allez mourir.

Et il se mit à courir comme un forcené autour de la chambre, cherchant quelque arme pour exécuter sa menace.

— Oh ! monsieur, ne me faites pas de mal ! murmura Edith d’une voix agonisante.

Volmerange cherchait toujours : — une chambre nuptiale n’est pas ordinairement fournie de poi-