Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/180

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tait à sa racine un léger tatouage fait avec la teinture de gorotchana, et, à sa cloison, un anneau d’or étoilé de diamants, qui laissait scintiller à travers son cercle des perles d’un orient parfait, serties dans un sourire vermeil comme le fruit du jujubier. Ces diamants et ces perles, confondant leurs éclairs, donnaient à ce teint un peu fauve la lumière dont il eût peut-être manqué sans cela. Les joues lisses, onctueuses comme de l’ivoire, s’unissaient au menton par des lignes d’une netteté idéale. Le roi Douchmanta lui-même, ce Raphaël indien, n’aurait pu reproduire avec son gracieux pinceau toute la finesse de ces contours. Derrière les oreilles, petites et bordées d’un ourlet de nacre comme un coquillage de Ceylan, un tendre rameau de siricha, attaché à un nœud de filigrane, laissait pendre avec grâce sur la joue délicate de la jeune fille la houppe soyeuse et parfumée de ses fleurs. Ses cheveux, dont la raie était marquée par une ligne de carmin, se divisaient en bandeaux pour se réunir sur la nuque en tresses mêlées de fils d’or ; des plaques de pierreries ressortaient sur ce fond d’un noir bleuâtre.

Sa gorge, contenue dans une étroite brassière de soie cramoisie surchargée de tant d’ornements que l’étoffe disparaissait presque, était séparée par un nœud formé des filaments de lotus qui brillaient connue des fils d’argent ou des rayons de lune tissés. Ses bras fins, arrondis, flexibles, comme des lianes, étaient serrés prés de l’épaule par des bracelets en forme de serpents pareils à ceux du dieux Mahadeva, et au poignet par un quintuple rang de perles. Ses mains, d’une peti-