Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/181

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tesse enfantine, avaient la paume et les ongles teints en rouge, et des anneaux de brillants scintillaient à leurs phalanges ; un cercle d’or constellé d’améthystes et de grenats emprisonnait sa taille souple, nue du corset à la hanche, suivant la mode orientale, et fixait les plis d’un pantalon d’étoffe bariolée qui, arrêté aux chevilles, laissait voir jaillissant d’un amas de bracelets de perles et de cercles d’or, ornés de petites clochettes, deux pieds mignons aux talons polis, aux doigts chargés de bagues et colorés en rose par le Hinna, comme les joues d’une vierge qui rougit de pudeur. Une écharpe nuancée d’autant de couleurs que l’arc-en-ciel ou la queue du paon qui sert de monture à Sarawasti, et dont les bouts passaient sous la ceinture d’or, jouait à plis caressants autour de ce corps onduleux et mince comme une tige de palmier. Sur la poitrine ruisselait, avec un frisson métallique, une cascade de colliers, perles de toutes couleurs, chaînons bruissants, boules dorées, fleurs de lotus réunies en chapelet, tout ce que la coquetterie indienne peut inventer de splendide et de suave : des marques mystérieuses faites avec la poudre de santal se dessinaient vaguement à la base du cou parmi cet éclat phosphorescent, et pour que rien ne manquât à la localité du costume, la jeune fille exhalait autour d’elle un faible et délicieux parfum d’ousira.

Ni Parvati, la femme de Mahadeva, ni Misrakesi, ni Menaca n’égalaient en beauté la jeune indienne, qui s’avança vers Volmerange, pétrifié de surprise, en faisant bruire dans sa marche ses colliers, ses bracelets et les clochettes de ses chevilles.