Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/243

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tre de longue main, ils arrivèrent à l’ouverture, et ce ne fut pas sans une secrète satisfaction que Volmerange se retrouva en plein air. La pièce qui venait de se jouer, sérieuse pour les autres, ridicule, pour lui, l’avait ennuyé : il avait peine à se regarder consciencieusement comme un prince de la dynastie lunaire, et sans Priyamvada, sa belle amie au teint doré, il aurait très-volontiers renoncé à son trône.

L’éléphant qui avait apporté nos trois personnages attendait patiemment, gardé par son cornac, attirant avec sa trompe quelques feuillages qu’il envoyait dans sa bouche avec nonchalance, plutôt pour s’occuper que pour se nourrir.

En entendant les pas du maître, avec cette intelligence des animaux de sa race, il ploya ses jambes fortes comme des colonnes et s’agenouilla complaisamment.

Priyamvada et Dakcha grimpèrent sur les épaules de la bête colossale avec l’aisance de gens à qui une semblable monture est familière. Volmerange s’en tira moins habilement, et il fallut que la jeune Indienne lui tendit la main pour l’aider. Dans son éducation de sportman, d’ailleurs parfaite, notre héros n’avait pas pensé à cette variété d’équitation.

Le cornac, accroupi sur le crâne de l’énorme animal, le toucha de sa pointe de fer, et l’éléphant prit cette espèce de trot rhythmé ou d’amble dont la lourdeur balancée lasserait la rapidité du cheval.

De temps à autre il tendait sa trompe et bri-