Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/251

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Sidney se mit au gouvernail, et l’embarcation se dirigea du côté de l’île.

Parvenus à une distance où les vigies auraient pu apercevoir le canot, Sidney, Saunders et Jack rentrèrent dans une petite chambre pratiquée sous le pont, car ce canot, d’une construction toute particulière, était ponté.

L’écoutille fermée soigneusement, Sidney poussa un bouton, et le canot commença à s’enfoncer et descendit jusqu’à ce que l’eau se refermât sur lui en formant un remous. Des espèces de nageoires mues de l’intérieur remplaçaient les rames et donnaient l’impulsion à cette embarcation sous-marine, que des plaques de verre placées près de la proue permettaient de diriger. Un tuyau de cuir aboutissant à une bouée flottante, qui ressemblait à s’y méprendre à un de ces débris que charrient les vagues, renouvelait l’air dans l’étroite cabine ; un compartiment que l’on submergeait ou que l’on vidait à volonté au moyen d’une pompe faisait l’effet de la vessie gazeuse du poisson, et donnait la facilité de descendre ou de se maintenir à la même hauteur.

Quand ils furent dans l’ombre projetée par les hautes falaises qui cerclent l’île, ce qu’ils comprirent à la teinte plus rembrunie de la mer, nos navigateurs revinrent à la surface : le canot, à moitié submergé et dont les vagues lavaient le pont eût pu être pris, si on l’eût aperçu, pour une jeune baleine ou un requin voyageant à fleur d’eau.

Ils approchèrent ainsi de la roche au pied de laquelle les lames jouaient encore avec la carcasse effeuillée de l’arbre coupé par Benedict, l’ame-