Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/252

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nant au large, la rejetant à la rive avec mille jeux d’écume.

Sidney sortit avec précaution de l’écoutille, sauta à terre sur une mince plage sablonneuse, et, s’accrochant à quelques aspérités du roc, il gagna une plateforme à plusieurs toises au-dessus du niveau des plus hautes vagues, et s’assit prêtant l’oreille au moindre bruit.

Pendant quelques minutes il n’entendit rien que la respiration de l’Océan soupirant sa plainte profonde et les battements d’ailes des oiseaux de mer, inquiets de la présence nocturne d’un homme dans cette âpre solitude. Bientôt quelques cailloux, détachés de la portion supérieure de la roche, roulèrent en rebondissant sur la pente rapide et tombèrent dans l’eau.

Une forme noire, profilant des touffes de broussailles semées çà et là et des anfractuosités du granit, descendait avec précaution la paroi presque verticale et se dirigeait vers Sidney.

Bien que ce rendez-vous fût convenu depuis longtemps, de peur d’une de ces trahisons invraisemblables qui arrivent toujours dans ces sortes d’entreprises, sir Arthur Sidney arma dans ses poches deux petits pistolets dont le chien rendit un craquement sec qui arrêta la forme noire dans sa descente.

— Le crabe marche de travers, mais il arrive, dit une voix basse, mais distincte.

— Ah ! c’est vous, Benedict, reprit sur le même ton sir Arthur Sidney.

— C’est moi, répondit Benedict en s’asseyant à côté d’Arthur Sidney.