Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/269

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moire les traits charmants de sa belle fiancée ; il s’y mêlait toujours quelque chose d’Edith ; tantôt le doux regard voilé, tantôt le sourire tendre et mélancolique : ces deux images finirent par s’embrouiller tout à fait. Il en était de même pour Edith. Dans ses rêveries, quand elle évoquait Volmerange, c’était bien souvent Benedict qui paraissait. Au bout de quelque temps même, Volmerange se refusa complétement à l’appel : Edith commençait à trouver qu’un mari qui noyait sa femme aussi sommairement n’était peut-être pas l’idéal des époux.

Cela n’empêchait pas les deux jeunes gens de se promettre, dans leur conversation, une grande joie de leur retour à Londres, où Benedict finirait d’épouser Amabel, et miss Edith, suffisamment punie, se réconcilierait avec son terrible mari.

Ces entretiens, commencés gaîment, finissaient en général d’une manière assez mélancolique. Benedict trouvait désagréable l’idée d’Edith retournant chez Volmerange, Edith était médiocrement charmée en pensant au bonheur qui attendait son ami près de miss Vyvyan.

Telles étaient les pensées qui occupaient le jeune couple à Sainte-Hélène, et à deux pas de leur maison le saule pleurait sur la plus grande tombe du monde, si toutefois il y a une différence entre les tombeaux.

Cette nuance de sentiment les occupait bien plus que le contre-coup de cette mort sur les destinées de la terre, et même lorsque le soir ils allaient à la vallée du Fermain contempler la tom-