Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/80

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pieds de mes parents, leur avouer tout, obtenir mon pardon… et le vôtre : mon crime est grand, mais leur indulgence est sans bornes.

— Ne faites pas cela, je vous démentirai.

— Si je prenais toute la faute sur moi !

— Je soutiendrais que j’ai toujours été un étranger pour vous.

— Mais cependant j’ai là des preuves qui pourraient vous confondre, s’écria Edith avec indignation en courant vers un petit coffret dont elle souleva le double fond.

— Vous croyez, répondit Xavier, dont un sourire ironique crispa les lèvres minces.

De ses mains convulsives, Edith fouilla violemment le coffre, d’où elle retira quelques papiers que la façon dont ils étaient pliés indiquait avoir été des lettres.

Elle en déplia une feuille et la jeta à terre : elle était blanche. Elle en fit autant d’une seconde et d’une troisième.

Alors elle laissa tomber le paquet, et ses bras découragés s’affaissèrent le long de son corps.

Toute trace d’écriture avait disparu ! Les lettres étaient redevenues de simples feuilles de papier.

— Heureusement votre encre, miss Edith, était de meilleure composition que la mienne. Les menus caractères tracés par votre jolie main sont encore parfaitement visibles sur les billets que vous avez daigné m’écrire.

— Xavier, il y a dans tout ceci une énigme que je ne puis comprendre… Je suis jeune, je suis belle ; vous me l’avez dit sur plus de tons que le serpent n’en prit pour séduire Ève ; l’unique faute