Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accompagnera jusqu’au tombeau et qu’elle retrouvera dans l’éternité.

— Ma mère, répondit Edith en embrassant lady Harley, et vous, très cher et très honoré père, je vous remercie avec une gratitude profonde de ce que vous venez de dire, et je ne puis exprimer à quel point ces marques d’intérêt me touchent, mais vos inquiétudes ne sont point fondées. Rassurez-vous. Votre choix est le mien. Je trouve comme vous M. de Volmerange parfaitement né, plein de sentiments nobles et généreux, d’une élégance accomplie et d’une grâce parfaite. Je crois fermement que si un homme peut sur terre rendre une femme heureuse, c’est lui…

Ici, Edith ne put tout à fait comprimer un soupir en désaccord avec le sens des paroles qu’elle proférait, et qui indiquait plutôt un regret qu’une espérance.

— J’aime M. de Volmerange…, continua Edith ; je puis le dire devant vous, chers parents, et, au moment de marcher à l’autel, les larmes que j’ai pu verser, les tristesses auxquelles je me suis laissée aller n’étaient que des mélancolies de petite fille nerveuse, où il n’y avait de véritable que le chagrin de vous quitter.

— Tant mieux s’il en est ainsi, chère Edith, j’avais craint qu’une aversion secrète ne se cachât sous cette déférence à nos volontés.

— Donnez-moi un baiser, mon père, dit la jeune fille en présentant son front aux lèvres de lord Harley, qui l’attira sur sa poitrine.

Puis elle saisit la main de sa mère et se pencha dessus avec effusion. Quelques sanglots étouffés