Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/222

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moi la longue tartine que je viens de te faire avaler, et sur quoi j’étale depuis une heure les confitures de mon éloquence ; passe-moi, en outre, une allumette pour allumer ma pipe, et je te voue une reconnaissance égale au service.

Rodolphe fit ce qu’il demandait, et bientôt un nuage de fumée emplit la chambre. La soirée se passa on ne peut plus joyeusement, et Albert se retira fort tard.

Mariette, le lendemain, n’eut qu’un lit à faire, et de nouvelles couleurs commençaient à poindre sur ses joues rondes et potelées.

Et madame de M***, que devint-elle ? Elle avait déjà pris un amant quand Rodolphe la quitta, le tout par crainte d’en manquer.

Et M. de M*** ? il resta ce qu’il était, c’est-à-dire le plus dernier de M. Paul de Kock qu’il soit possible d’être, si les façons de plus font quelque chose à l’affaire.

Rodolphe et madame de M*** se rencontrèrent quelquefois depuis dans le monde ; ils se traitèrent avec toute la politesse imaginable, et comme des gens qui se connaissent à peine. La belle chose que la civilisation !

Enfin, nous voilà arrivés au bout de cette admirable épopée, je dis épopée avec une intention marquée ; car vous pourriez prendre ceci pour une histoire libertine, écrite pour l’édification des petites filles.

Il n’en est rien, estimable lecteur. Il y a un mythe