Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/379

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croisillons et ses rideaux à franges. La fenêtre ressemblait beaucoup.

Ces portraits eurent un véritable succès dans le monde bourgeois ; on les trouvait très-unis et faciles à nettoyer avec de l’eau seconde. Le courage me manque pour énumérer toutes les caricatures sérieuses auxquelles je me livrai. Je vis des têtes inimaginables, groins, mufles, rostres, empruntant des formes à tous les règnes, principalement à la famille des cucurbitacées ; des nez dodécaèdres, des yeux en losange, des mentons carrés ou taillés en talon de sabot ; une collection de grotesques à faire envie aux plus ridicules poussahs inventés par la fantaisie chinoise.

Je fus à même d’étudier tout ce que laisse de trivial, de laid, d’épaté et de sordide, sur un visage humain, l’habitude des pensées basses et mesquines. La nuit, je me dédommageais de ces horribles travaux, dont ceux qui les ont faits peuvent seuls soupçonner les nausées, en dessinant à la lampe des sujets ascétiques traités à la manière allemande, et entremêlés de pantalons mi-partis, de lapins blancs et de bardane.