Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5 bis.djvu/476

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l’atteste : « Quel est l’homme qui veut la vie ? qui soupire après les jours de bonheur ? Préservez votre langue de la calomnie, et vos lèvres de tout discours artificieux. Éloignez-vous du mal, et pratiquez le bien ; cherchez la paix, et poursuivez-la sans relâche. » Oui, le fils de la paix doit chercher la paix et la poursuivre sans relâche ; celui qui connaît et affectionne le lien de la charité doit fermer ses lèvres à la médisance et au mensonge. Parmi les divins enseignements que le Sauveur nous adressait la veille de sa passion, il ajouta : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. » Sublime héritage qu’il nous léguait en mourant, et à la conservation duquel il attachait toutes les autres promesses ! Si nous sommes les cohéritiers de Jésus-Christ, demeurons dans la paix de Jésus-Christ ; si nous sommes les enfants de Dieu, chérissons la paix et l’union. « Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu ! » Que les enfants de Dieu soient donc pacifiques, doux, pleins de mansuétude, simples dans leur langage, unis par la charité, et attachés les uns aux autres par des nœuds indissolubles. Touchante unanimité, qui subsistait sous les apôtres ! C’est par là que, fidèle à la pratique des commandements du Seigneur, le nouveau peuple des croyants garda sa charité, suivant ce témoignage de la divine Écriture : « La foule de ceux qui croyaient n’avait qu’un cœur et qu’une âme. » Ailleurs elle nous dit : « Ils persévéraient unanimement dans la prière avec les femmes, Marie, mère de Jésus, et ses frères. » Aussi quelle efficacité dans leurs prières : ils avaient la confiance qu’ils obtiendraient tout ce qu’ils demanderaient à la miséricorde du Seigneur ; chez nous, au contraire, cette conformité de sentiments a presque disparu avec les bonnes œuvres qui en sont la suite. Alors les fidèles vendaient leurs héritages, vendaient leurs maisons, pour s’amasser des trésors là-haut, et apportaient le prix de leurs biens aux pieds des apôtres, pour le consacrer au soulagement des pauvres. Mais nous, les sacrifices les plus légers nous épouvantent. Vendez ce que vous possédez, nous crie le Seigneur ! Loin de là, nous achetons incessamment ; nous nous agrandissons sans fin. Ô fatal dépérissement