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plongée, allait créer un coude et occasionner la rupture certaine des conduites par suite de l’afflux violent de l’air en ce point haut. On se résolut donc à construire un réservoir intermédiaire, surélevé pour ne point perdre de pression, et qui servirait comme de ventouse entre les deux travées du siphon. Telle est la raison d’être des tourillons de Craponne.

Pour que cette hypothèse soit acceptable, il faut d’abord qu’elle soit conforme aux lois de l’hydraulique, c’est-à-dire que le niveau du réservoir des tourillons soit plus bas que celui d’un réservoir de chasse supposé au-dessus de Corlevet. Le nivellement, que j’ai repris avec tout le soin possible en partant de Grézieu, m’adonne au pied de la grande pile la cote 307,25, et à l’endroit présumé du réservoir de chasse au-dessus de Corlevet, 326. La grande pile a 12 mètres de hauteur : elle paraît n’avoir été que fort peu tronquée, et l’on peut supposer le radier du réservoir à deux mètres plus haut, c’est-à-dire à la cote 321. La différence de niveau entre les deux extrémités du siphon serait donc de cinq mètres, ce qui est très suffisant pour le fonctionnement régulier, étant donnés la distance entre les deux points, le nombre et le diamètre probable des tuyaux.

Se fondant sur ce que l’on trouve des vestiges d’aqueduc au delà de Corlevet, et même au voisinage des tourillons, M. Gabut ne veut point admettre la corrélation entre ceux-ci et l’aqueduc de Grézieu. Nous verrons tout à l’heure ce que sont ces vestiges ; pour M. Gabut, ils sont la continuation directe et unique du canal qui passe à Grézieu ; les eaux d’Iseron, Vaugneray, Pollionnay, de tout ce versant de montagnes enfin, n’allaient pas jusqu’à Lyon, et, conformément à la théorie déjà émise pour les eaux du Mont-d’Or, étaient destinées à des faubourgs, à des groupes de villas disséminés entre Tassin et Craponne. Se trouvant pris entre cette solution et l’authenticité, qu’il a contribué à démontrer lui-même, du réservoir-ventouse au sommet des tourillons, M. Gabut a simplement imaginé une erreur commise par les ingénieurs romains. Les tourillons devaient, selon lui, se trouver sur le parcours primitivement projeté de l’aqueduc de La Brévenne, qui, après Lentilly, au lieu de se diriger vers le plateau de Salvagny, était destiné en principe à se retourner le long des pentes inférieures de Pollionnay, d’où l’on