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d’eau de fort débit[1]. La fig. 17 (hors texte), représente cette dérivation avec le bief d’amenée, à faible pente, et le réservoir où ce bief aboutissait. L’eau s’y reposait avant de s’engager dans la conduite, et le débit pouvait se régler par une vanne, à l’entrée de l’aqueduc. En décrivant les traces de la prise d’eau de l’Anio vetus, M. Lanciani[2] cite comme analogue celle du Gier, avec plusieurs autres : celle de l’aqueduc de Bologne, qui dérivait l’eau de la rivière Setta, à 300 mètres de son confluent avec le Reno ; de l’aqueduc de Vénafre dérivant le Volturne au pied du mont Capo d’Acqua, près de l’abbaye de Saint-Vincent ; et de l’aqueduc de Sétif dont le canal maçonné prend naissance à un barrage coupant l’oued Chelal, et encore debout, sur une longueur de 50 mètres. L’oued Legouman, appartenant au bassin du Hodna (près de Msila, Algérie), avait quatre barrages, placés à des intervalles de 3.500 mètres ; le plus bas de ces barrages était l’origine d’un bassin de 12.000 mètres cubes, d’où parlait un aqueduc de 1.250 mètres de long aboutissant à une citerne et à un château de distribution qui en dépendait. Le système de dérivation de l’oued Ksob, non loin de là, est encore plus complet ; l’aqueduc auquel ce système donne naissance traversait cinq piscines d’épuration avant d’arriver aux grandes citernes de Zabi.

Les dispositifs de ces divers barrages n’étaient pas cependant tout à fait pareils. Les uns coupaient normalement le courant, et, si la rivière n’était pas encaissée entre des berges rapprochées, s’étendaient sur une assez grande longueur, obligeant ainsi le cours d’eau à former un vaste bassin qui faisait fonction de réservoir. D’autres fois, au contraire, comme à notre aqueduc du Gier, le barrage, construit dans un endroit resserré, faisait l’office d’une simple digue détournant les eaux de la rivière, à la façon des barrages de retenue destinés à créer une force motrice. Quelquefois il y avait une prise d’eau de chaque côté du lit barré de la rivière, et chacune de ces prises d’eau commandait soit un aqueduc à long cours, soit un bief amenant à des citernes voisines. Le mur du barrage était alors à double inclinaison ; l’angle, dirigé

  1. V. ci-dessus, p. 97.
  2. Ouv. cité, p. 105.