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ventre, adoucit son mouvement d’afflux[1] pour remonter et parvenir jusqu’au sommet du plan incliné. Si l’on ne ménage pas ce ventre au fond de la vallée, si au lieu d’être maintenue de niveau par une substruction, la conduite fait un coude brusque, elle éclatera en brisant les joints des tuyaux. Il faudra établir aussi au ventre des appareils de décharge, à l’effet de relâcher la force d’aspiration.

« Ainsi, ceux qui se serviront des tuyaux de plomb pour conduire les eaux arriveront à un excellent résultat par ces moyens, car les plongées, les contours, les ventres et les retours au niveau pourront être établis toutes les fois qu’il existera une différence de niveau convenable de la source aux murs de la ville.

« Il ne sera point inutile aussi d’installer des chambres tous les deux cents actes, de façon que si, à un endroit, la conduite éprouve une avarie, on ne soit pas obligé d’effondrer tout l’ouvrage sur toute la longueur, et qu’on puisse trouver plus facilement en quels points cette avarie s’est produite ; toutefois, il faut que ces chambres ne soient ni dans la plongée, ni dans la partie horizontale du ventre, ni dans les trajets ascendants, ni, somme toute, dans les vallées, mais dans les parties en palier continu. »

Observons tout d’abord qu’il s’agit, dans l’ensemble, non pas d’un canal interrompu à un moment donné par un trajet en conduite forcée, comme c’est le cas de nos aqueducs à siphons, mais d’une série continue de tuyaux de plomb depuis l’origine jusqu’à la ville. Ces tuyaux sont-ils en pression, c’est-à-dire y a-t-il partout écoulement à pleine section ? Oui, sans nul doute, car, sinon, pourquoi cette tubulure évidemment bien plus coûteuse et plus délicate qu’un canal ? L’auteur envisage le cas d’une faible pente de la source à la ville, ad libramentum, c’est-à-dire que sa conduite est établie avec la déclivité insensible des canalisations libres. De cette façon, il peut, en effet, laisser sur tout le parcours une épaisseur constante à ses tuyaux, la charge, dans ces conditions, étant sensiblement compensée par

  1. « Leniter tumescit ». Il n’y a pas à donner ici à tumescit une signification de bouillonnement ou de remous. Tumescere se dit du gonflement des vagues ; or, le mouvement ascensionnel de l’eau dans le tuyau rappelle le flot montant d’une vague. Ce mouvement s’exécutera « leniler », non pas plus lentement, ce qui serait un contresens, mais sans choc.