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l’insuffisance de nos ressources. La passion des grandes choses ne fut assurément étrangère à aucune de leurs entreprises, mais le génie des Romains sut concilier l’étendue des projets et la facilité des moyens d’exécution. » S’ils ont établi des siphons à l’aqueduc d’Alatri et à ceux de Lyon au lieu d’élever des arcades, c’est à cause de la hauteur démesurée qu’exigeaient celles-ci. À Rome, la hauteur nécessaire, bien que très considérable — elle va jusqu’à 34 mètres à la ligne Claudia-Anio novus — n’avait rien d’anormal. La question économique était donc seule en cause, parce qu’il fallait soutenir sur plusieurs milles cette hauteur ou une hauteur approchante. Aujourd’hui, en raison du prix de la fonte ou de la tôle relativement à celui de la pierre de taille, le problème ne se pose même pas, étant résolu d’avance en faveur du siphon. Mais il en était tout autrement alors, à considérer le volume et le poids de plomb qu’il eût fallu pour ces diverses conduites, chacune de plus de vingt kilomètres. La pierre de taille que l’on trouvait sur place revenait assurément à un prix moindre. Remarquons en outre que ces aqueducs sont superposés deux à deux et trois à trois ; qu’ainsi pour Claudia et Anio novus, projetés, ce semble, en même temps, le coût des arcades à construire se trouvait réduit de moitié, tandis que rien ne pouvait réduire le nombre des tuyaux de plomb. Le même calcul s’était fait pour les canaux Tepula et Julia qui n’exigeaient, pour leur construction au-dessus de la Marcia, qu’une faible dépense.

En somme, réservant l’application du principe des siphons au cas des vallées profondes « si montes sint altiores ut possint interpellare[1] », les Romains en ont installé quand il y avait à le faire avantage économique et, de toute façon, pratique. Ce n’est point du tout par inexpérience ou impéritie, ni par goût de vaine magnificence qu’ils ont, soit à Rome, soit ailleurs, préféré les arcades.

Les prétendus tâtonnements au siphon de Saint-Genis. Raison de l’obturation d’un orifice. — M. de Gasparin, dans son Mémoire sur l’aqueduc du Gier, admet, à mon sens, trop complaisamment l’inexpérience initiale de l’ingénieur romain en

  1. Vitruve, pass. cité, viii, 6.